25 août 2006

Nausicaa

Nous avions finalement renoncé à aller voir "Pirates des Caraïbes 2", suivant en cela les conseils de l'autre Alex. Et nous sommes allés voir Nausicaa. Je l'avais déjà regardé avec avec tout un groupe d'amis, sur un petit écran lors d'une soirée où on ne savait pas quoi faire. Et certes, j'avais été séduit, mais pas tant que ça. Je trouvais l'histoire affreusement compliquée, le dessin un peu confus. Normal, je le sais maintenant : c'est un film de cinéma. Avec de grandes images et une grande histoire faites pour être vues en grand.




Nausicaa est un très beau film, un des meilleurs de son auteur. Je ne vais revenir sur l'histoire, les aventures du studio Ghibli, le rapport avec le manga, les thèses écolo, beaucoup (par exemple ici...) racontent tout ça mieux que moi. Je vais plutôt parler de ce que j'aime chez Miyazaki.
Chaque fois que je vais voir un de ses films, notamment au cinéma, je suis captivé comme un gamin. J'accroche à l'histoire, j'ai cette délicieuse certitude littéraire de savoir qu'il va se passer des centaines de choses palpitantes, que je vais voir des personnages intéressants prendre des décisions intéressantes...
Pour moi, une des grandes limites de la forme cinématographique est la pauvreté narrative : que peut-on bien raconter pendant deux heures? A peu près le contenu d'une nouvelle, le plus souvent. Chez Miyazaki (et chez d'autres auteurs, trop rares), je trouve le contenu d'un roman.
Dans ses films, les rebondissements me surprennent, les clichés sont esquivés ou contournés avec élégance, les personnages "méchants" sont finalement humains, les armes invincibles venues du passé tombent parfois en panne, des personnages sympathiques peuvent mourir tout soudain et quand tout se termine, tout n'est pas parfaitement résolu, loin de là.
Que c'est bon de voir des personnages ne pas se comporter comme des imbéciles à cause de conventions scénaristiques : de voir des stormtroopers (ou assimilés) NE PAS se jeter par centaines contre un ennemi invincible, mais plutôt choisir de fuir... De voir un méchant s'en tirer vivant à la fin. De voir la découverte scientifique qui peut changer le monde ne pas changer le monde en cinq minutes (et n'être pas comprise)... (ceux qui ont vu Nausicaa comprendront)
Dans les mondes imaginaires de Myazaki, les hommes restent des hommes et ne deviennent pas des pantins stupides. Ce sont donc des mondes auxquels je peux croire, dans lesquels je peux rester à vivre après la fin du film, dans lesquels je suis heureux de retourner.

[Illustration : © Buena Vista International]