24 février 2010

Le rêve est une seconde vie

Le rêve est une seconde vie. Je n’ai pu percer sans frémir ces portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l’image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l’instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l’œuvre de l’existence. C’est un souterrain vague qui s’éclaire peu à peu, et où se dégagent de l’ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres : – le monde des Esprits s’ouvre pour nous.


On pourrait croire lire là un récit de Jaël de Kherdan, mais le compte rendu qu'on trouvera là (du moins, ses deux premiers chapitres), celui d'une visite dans les mondes du rêve et de la folie, est issu de notre dix-neuvième siècle et n'est nullement une fiction mais le récit d'une expérience vécue, ce qui ne l'en rend que plus fascinant.

Les amateurs de ce fameux récit de Gérard Nerval pourront me le faire savoir, je pourrai en publier d'autres passages.

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16 février 2010

Elle se tenait presque nue au milieu du bus

Elle se tenait presque nue au milieu du bus, entre les mamas arabes avec leurs gros sacs de courses, les dames à poussettes, les gamins au crâne rasé pour se donner l’air dur et les inévitables jeunes à casquette. Ligne R7, de gare d’Argenson à mairie de Villeneuve, en pleine heure de pointe.



Une nouvelle inédite, par le pendu (votre hôte). Le long de 17'50'' de lecture, on trouvera une gare routière, des ambitions professionnelles, des rêves qui deviennent réalité et une femme indécente.

Comme toujours concernant ce podcast, toutes les remarques sont les bienvenues : sur le choix des textes, la lecture, la clarté des enregistrements, la facilité d'abonnement...

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Le petit bleu de la côte ouest - Manchette

petit bleu.jpgJe voulais lire Manchette depuis longtemps, sa réputation n'étant plus à faire. Je l'ai découvert à travers deux romans : celui qui donne son titre à cette note et la position du tireur couché, lu l'année passée.

Pour le petit bleu..., voici le pitch :
Gerfault est un cadre. Il bosse dans une boite sérieuse, technique, roule en mercedes, a un appartement à Paris, des idées de gauche molle, une femme jolie bossant dans la culture, deux petites filles. De nos jours, on dirait que c'est un bobo. Il n'a pas d'iPhone, mais ça n'a rien d'étonnant, nous sommes dans les années 70 : il compense avec du matériel Hifi haut de gamme (un fantasme de l'époque, si je me souviens de mes lectures d'autres romans de l'époque). Un jour, alors qu'il est vacances, Gerfaut se fait agresser par deux types qu'il ne connait ni d'Eve ni d'Adam, qui tentent de le tuer.
Commence une course-poursuite à travers toute la France, notre cadre dynamique se découvrant des trésors d'énergie et de courage pour ce qui est d'échapper à la mort...

Manchette écrit dans un style sec et très énergique, souvent familier. Il est très bon dans les scènes d'action et de suspense, alternant les points de vue et opérant à des montages très proches du cinéma, dont on sent l'influence très nette. Ses personnages parlent de jazz, de cinéma, citant des titres contemporains. Le récit est ancré dans son époque, il précise la marque des voitures, des flingues, des chaines Hi-fi, des marques de whisky, les personnages rencontrés montrent toute une sociologie de la France de 1976 : concierge, bucheron immigré portugais, petit retraité, ancien gauchiste activiste rangé des affaires. J'ai eu l'impression de plonger au temps des pattes d'eph' et de voir l'affreuse déco orange et marron de l'appartement de Gerfaut.
Le point vraiment intéressant de ce roman, et de l'autre (la position du tireur couché) tient au statut du héros : le héros de Manchette est un type pas très sympathique, balloté par les évènements, sans véritable initiative autre que celle dictée par l'instinct de survit. Un personnage rongé par le néant et retournant au néant à la fin du livre. C'est sur lui que l'ironie acide de l'auteur s'exerce avec le plus de férocité...

Bref, une lecture intéressante, amusante, pas indispensable sinon pour ceux qui voudraient se payer une petite plongée dans la France de Giscard (mais si, vous savez, le vieux qui écrit des romans, là.)

09 février 2010

Son premier crash en avion s'est produit juste après le décollage

Son premier crash en avion s'est produit juste après le décollage. Haha.
Incliné vers l'avant, son visage épousant le verre taché du plexiglas, il avait vu disparaître la tour de contrôle. L'aile racla la piste chaude déroulée en flou d'ébène.



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Aeroplane Tonight, par David Calvo et Christian Divine.

Texte publié en 2005 aux moutons électriques, dans le recueil Acide Organique.

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08 février 2010

La poupée de Kokoschka - Hélène Frederick

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Ce billet a été sponsorisé comme Babélio. Vu qu'il s'agit du troisième du genre, je vais créer une catégorie permettant de les identifier. Je me suis donc fait offrir en SP (service de presse) le livre dont il va être question ici.

Voilà comment je tenterais de vendre la poupée de Kokoschka, si on me demandait de le faire : je mettrais en avant la figure du peintre viennois (que nous avions découvert avec grand plaisir avec l'expo du Grand Palais). Je parlerais du portrait très délicat d'Hermine Moos, petite couturière de théâtre et femme libre de la bohème munichoise de l'époque, chargée de la plus étrange des missions : créer un mannequin grandeur nature de l'amour perdu du peintre, Alma Mahler. J'évoquerais l'atmosphère trouble de l'époque, l'automne 1918, le rationnement, les rumeurs de révolutions et de violence. J'insisterais sur la finesse de l'univers créé par l'auteure : les rêveries et changements d'humeur de l'héroïne, ses relations toutes en nuances avec Heinrich, son amant mime, avec sa chère petite soeur, avec les hommes qu'elle croise, ceux à qui elle se donne contre un peu d'argent ou de nourriture, ceux qu'elle fascine parce qu'elle se refuse à eux. Avec la poupée, enfin, dont la fabrication devient une obsession.

Et tout ça serait vrai.
Le style est à la hauteur, Hélène Frederick crée une écriture de journal intime, hachée, troublée, suivant les sautes de pensée du personnage, révélant son univers par petites touches. Durant les 20/30 premières pages, je me suis laissé prendre.

Mais malheureusement, il ne se passe rien. Tout est trop fin, trop délicat pour un esprit brutal comme le mien. J'imagine que l'auteure s'est amusée en écrivant ce récit intime, dans une sorte de jeu de rôle sollipsiste. Malheureusement, il y a ces petites touches un peu pédantes, ces commentaires des dessins de Kokocshka qui sont complètement incompréhensibles au lecteur s'il n'a pas les images sous les yeux et que le livre n'évoque pas très bien.Ce jeu d'implicites et d'allusions permanentes, un peu pénibles à suivre. Et le récit comprend peu d'enjeux, peu d'évènements, peu d'action. J'attendais plus d'onirisme, de fantastique, de glissements...

J'aime beaucoup Hermine Moos, j'ai été charmé de faire sa connaissance, j'aurais aimé ne pas passer les 180 dernières pages du livre avec elle à m'ennuyer. Venez, mademoiselle, sortons de là. Que puis-je vous offrir ? Vous dansez ?


P.S : le curieux trouvera sur Internet des images de la fameuse poupée, l'histoire en question étant véridique.

07 février 2010

Ils suivent tous Ao le fou

Ils suivent tous Ao le fou. Il mène l’exode à travers le désert. Et une foule immense marche derrière lui, une colonne interminable d’humains vacillants et trébuchants, aux yeux et aux bouches desséchées par l’épreuve. Qu’est-ce qu’ils espèrent ?





Par le pendu.

Texte inédit.

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Une nouveauté au bout de la corde

L'idée me travaillait depuis un moment, j'ai décidé de la mettre en pratique : on trouvera bientôt sur ce blog, sous la rubrique podcast, une série d'enregistrements de textes lus à voix haute.

Les séquences seront relativement courtes et présenteront des textes de l'auteur de ces lignes, en cours d'écriture ou terminés, ou encore des textes d'autres auteurs que j'ai envie de faire (re)découvrir.

Je serai naturellement curieux de toutes les remarques que pourront me faire les habitués de ce blog, qu'elles concernent la qualité des textes lus, la réalisation des enregistrements (je débute...) et la pertinence de trouver ce genre de contenu sur ce blog.

L'envie de me lancer dans ce projet est née de trois sources distinctes:
- Utopod, naturellement
- Le Parking de nuit, sur France Inter, lieu de séjour toujours agréables en compagnie de Sophie Loubière et du gardien.
- Les 24 heures de lecture de Romainmôtier, dont on trouvera le blog ici, et les podcasts là.

Pour s'abonner au podcast (et pouvoir bénéficier des enclosures), il faudra utiliser ce lien-là.

Bonne écoute à vous tous !