19 décembre 2014

Timbuktu - Abderrahmane Sissako

Tombouctou, de nos jours. Ville aux maisons de pisé, proche du désert, où débarque une bande d’islamistes à kalachnikov, se promenant dans les rues avec leurs porte-voix et annonçant qu’il est interdit de jouer ou d’écouter de la musique, de se promener sans gants ni chaussettes pour les femmes… Kidane est un Touareg, vivant avec son épouse, sa fille et ses bêtes à quelques kilomètres de la ville et hésitant à partir, à cause de « ces gens-là ». Mais un incident au bord du fleuve, impliquant GPS, sa vache favorite, va le forcer à se confronter aux nouveaux hommes forts de la région...


Alors que son sujet est quasi journalistique, le film est une fiction, avec de beaux personnages (Kidane et sa famille, Abdelkrim, les islamistes venus des quatre coins du monde, le chauffeur Omar, le chef religieux, la folle  à la poule…), une photo magnifique, des scènes très poétiques: la partie de football interdite, la recherche des criminels qui jouent de la musique pendant la nuit, les moments au bord du fleuve, le repentir du rappeur...
L’univers du film, avec la poussière du désert, les vêtements traditionnels, les armes de guerre, les pick-up et les téléphones portables dégage aussi une fascination étrange.



Au delà de ces grandes qualités, nous sommes ressortis du cinéma avec une impression très mitigée. Timbuktu est composé d’une série de scènes, souvent très belles, parfois liées entre elles, sans vraiment de fil narratif créant une unité au film. L’intrigue concernant Kidane est trop simple et a du mal à faire tenir tout cela ensemble. Reste un catalogue déprimant de de la bêtise tranquille des islamistes à fusil-mitrailleur. Tout cela est sans doute vrai. Et désespérant.